Le Portugal est souvent présenté comme le pays idéal pour produire sa collection de vêtements : localisation, qualité de fabrication, éthique sociale… Sur le papier, tout semble parfait. Et pourtant, lorsque l’on se penche sur la réalité du terrain, notamment en tant que jeune marque, travailler avec une usine textile Portugal peut s’avérer bien plus complexe que prévu.
Après avoir accompagné de nombreuses marques de lingerie, bain et homewear, je me suis fait une idée plus nuancée de ce choix. Dans cet article, je vous partage les coulisses de mes expériences, ce que j’ai réellement observé sur le terrain… et pourquoi je recommande souvent à mes clientes d’envisager d’autres options plus adaptées.
Pourquoi j’ai (moi aussi) envisagé le Portugal comme option
L’image d’un pays fiable et qualitatif
Quand on cherche à produire sa première collection, le Portugal arrive très souvent en tête des recommandations. Et je ne faisais pas exception. À mes débuts, comme beaucoup d’autres entrepreneuses dans la mode, j’ai naturellement envisagé une usine textile au Portugal pour lancer les productions de mes clients.
Pourquoi ? Parce que ce pays bénéficie d’une excellente réputation dans l’industrie textile : un savoir-faire reconnu, une production européenne rassurante, et une image qualitative solidement ancrée aux yeux des consommateurs. De nombreux témoignages de différentes marques semblaient converger sur les points suivants : respect des normes sociales et environnementales, planning de production plus souple, faibles quantités et des coûts de confection abordables avec la sécurité d’une production européenne… Le Portugal semblait cocher toutes les cases d’un partenaire “safe” et crédible pour une jeune marque.
Ce que j’espérais y trouver : qualité, proximité, responsabilité
Ma recherche d’usines textiles était alors guidée par trois objectifs clairs :
✔️ La qualité, évidemment, celle qui permet de vendre sans rougir, et de fidéliser ses premières clientes
✔️ La proximité géographique, qui facilite la logistique, réduit le temps de fabrication et limite l’impact carbone
✔️ Et un partenariat stratégique, un critère essentiel quand on veut construire une marque de manière pérenne.
Bref, j’étais persuadée qu’une production « Made in Portugal » représentait la solution idéale pour de la flexibilité, des conditions de production éthique et une image haut de gamme.
J’y ai cru. Comme beaucoup. Mais dans la vraie vie, la réalité s’est avérée un peu différente…
Ce que j’ai observé sur le terrain (et qui m’a fait changer d’avis)
Des usines surchargées et peu disponibles pour les jeunes marques
Sur le papier, travailler avec une usine textile au Portugal semblait évident. Mais dans la réalité, la production portugaise est victime… de son succès. Avec une forte demande européenne (voire mondiale), beaucoup de fabricants sont saturées, et ce sont souvent les jeunes marques ou les faibles volumes qui passent en dernier. Résultat ? Des temps de réponse très longs, des protos qui prennent des mois, ou pire : des demandes ignorées car jugées « non prioritaires ».
Quand on se lance, le manque de réactivité peut rapidement freiner tout le projet. J’ai vu plusieurs entrepreneuses attendre des devis qui n’arrivent jamais, ou patienter 6 mois pour un premier prototype. Ce n’est pas viable, surtout quand on a besoin d’avancer, sans brûler son énergie ni son budget.
Une communication parfois complexe
Autre difficulté : la communication avec les fabricants. Même si beaucoup parlent anglais, le suivi de projet reste souvent flou ou approximatif. On envoie des dossiers techniques précis, et on reçoit en retours des échantillons vraiment approximatifs, qui pousse à se demander s’ils ont été lus. Idem pour recevoir des réponses à nos questions, les ateliers sont tellement surchargés qu’il est difficile d’obtenir une suivi transparent.
Cela ne vient pas forcément d’une mauvaise volonté, mais plutôt d’un manque de temps et de structure côté fabricant, surtout quand il s’agit de jeunes marques en phase de test. Et quand on débute, sans avoir de connaissances techniques très poussées, ce flou peut être extrêmement stressant et décourageant.
Des coûts plus élevés que prévu et une flexibilité absente
Autre point souvent mal anticipé lorsqu’on se tourne vers une usine textile au Portugal : les tarifs. Contrairement aux idées reçues, produire au Portugal n’est pas toujours plus avantageux financièrement que dans d’autres pays d’Europe ou de Méditerranée. Les prix de confection peuvent même s’approcher de ceux pratiqués en France, surtout lorsqu’il s’agit de petites séries ou de pièces techniques comme la lingerie ou le bain.
Mais ce qui pose réellement problème pour les jeunes marques, c’est le manque de flexibilité. Beaucoup de fabricants imposent des MOQ (minimums de commande) assez conséquentes, parfois 300 à 500 pièces par modèle ou couleur, ce qui est assez conséquent pour un lancement. Et lorsqu’on évoque l’idée de fonctionner en précommandes, la plupart des ateliers ne veulent tout simplement pas en entendre parler : c’est trop risqué ou trop contraignant pour leur organisation.
Les erreurs que font souvent les jeunes marques avec leur production
Penser que "Europe = simplicité"
C’est une idée reçue qui revient souvent : produire en Europe, et plus particulièrement dans une usine textile au Portugal, serait forcément plus simple, plus rapide, plus fluide. Or, ce n’est pas toujours le cas. Oui, il y a la localisation, les normes sociales et les réglementations européennes. Mais cela ne garantit ni un meilleur accompagnement, ni une communication fluide, ni une adaptation à tous les projets.
Même dans l’Union Européenne, il peut y avoir des temps de fabrication très longs, des malentendus culturels ou des process très rigides. Ce n’est pas parce qu’un fabricant est basée au Portugal qu’elle fonctionne comme une extension naturelle de ton bureau de création. Il faut cadrer, structurer, suivre, comme avec n’importe quel partenaire à l’international.
Imaginer que le marché du textile les attend
Autre piège classique : croire que parce qu’on a une belle idée, un joli univers ou une ambition sincère, les usines seront forcément ouverts et disponibles pour nous accompagner.
La réalité ? L’industrie textile ne fonctionne pas à l’émotionnel. Beaucoup de fabricants sont débordées, saturées de demandes, et priorisent les marques établies, les gros volumes, les clients réguliers.

Quand on arrive avec une première collection, un budget serré et des délais serrés, on doit convaincre, rassurer, prouver sa solidité. Et ce n’est pas évident, surtout dans des pays comme le Portugal, où la demande dépasse parfois largement la capacité de fabrication.
Ce n’est pas une fatalité, mais c’est important d’avoir conscience que le secteur ne nous attend pas. Il faut se montrer préparée, claire dans sa vision, et prête à s’adapter pour construire des relations durables.
D’autres options plus adaptées à une jeune marque de vêtements
Des alternatives européennes plus souples (ex : Italie, Europe de l’Est...)
Si produire dans une usine textile au Portugal s’avère trop rigide pour ton projet, d’autres pays européens peuvent offrir un meilleur équilibre entre flexibilité, coût et qualité. L’Italie, par exemple, reste une valeur sûre pour les produits haut de gamme, avec une vraie expertise textile et des usines parfois plus ouverts aux petites productions, notamment dans la maille, la lingerie ou les pièces mode à forte valeur ajoutée.
Mais c’est souvent du côté de l’Europe de l’Est que les jeunes marques trouvent leur compte : Bulgarie, Albanie, Roumanie ou Pologne disposent d’un savoir-faire textile solide, de coûts plus accessibles, et surtout d’ateliers plus agiles sur les faibles séries. Beaucoup de ces pays offrent aussi une bonne communication en anglais, des délais corrects et une volonté de construire des relations long terme.
Le plus ? Certains ateliers ont l’habitude de travailler avec des créateurs indépendants et peuvent être plus pédagogues dans leur accompagnement.
Explorer la piste du proche import raisonné (ex : Tunisie, Maroc...)
Si ton projet demande encore plus de souplesse ou un budget vraiment maîtrisé, la solution peut venir du proche import, particulièrement sur le bassin méditerranéen avec la Tunisie, le Maroc, voire parfois Égypte.
Ces pays offrent plusieurs avantages non négligeables tels qu’une proximité géographique, des coûts compétitifs et une ne vraie capacité de réactivité sur les petites et moyennes séries. Sans négliger un savoir-faire historique reconnu sur de nombreuses catégories de produits (lingerie, balnéaire, jean…) Et de plus en plus, une volonté d’améliorer leurs standards sociaux et environnementaux.
Bien sûr, il est essentiel de bien sélectionner ses partenaires, de poser les bonnes questions (sur les conditions de travail, les certifications, les MOQ…) et, si possible, de se déplacer pour valider les process. Mais de nombreuses marques françaises construisent aujourd’hui des collaborations durables et responsables avec des ateliers en Tunisie ou au Maroc.
Ce que je recommande à mes clientes aujourd’hui
Poser les bonnes questions avant de choisir son atelier de fabrication
Avant de signer quoi que ce soit avec une usine textile, il est essentiel de peser le pour et le contre : chaque atelier a ses forces et ses faiblesses en terme de production textile. Ce qui fonctionne pour une marque ne sera pas forcément adapté à une autre. Le bon choix ne dépend pas que du pays, mais surtout de l’alignement avec la vision, le budget, le niveau d’accompagnement attendu.
Ne vous laissez pas séduire uniquement par le discours ou l’esthétique d’un site web : interrogez-vous en profondeur. Est-ce que cet usine est prête à accompagner une jeune marque ? Est-ce que ses minimums de commande sont cohérents avec votre stratégie ? Quelle est leur politique de communication ? Sont-ils transparents sur le temps de fabrication, les tests qualité, les retours produits ?
Comprenez bien que plus vous posez les bonnes questions à une usine, plus vous serez à même de prendre la bonne décision quant à votre choix de fabricant textile. Et ça, c’est la clé d’une collaboration sans stress, alignée avec vos attentes et vos exigences.
Pour approfondir le sujet : « 6 questions à poser à son usine de fabrication«
Construire une relation long terme, pas une solution one shot
Ce que j’ai appris avec le temps, c’est qu’un atelier, ce n’est pas juste un prestataire de production. C’est un véritable partenaire, qui aura un impact direct sur la qualité de tes produits, ton image de marque, et la fluidité de ton développement.
C’est pourquoi je recommande toujours de penser long terme : ne cherche pas uniquement le prix le plus bas ou l’atelier « qui accepte tes volumes ». Cherche un partenaire avec lequel tu peux grandir, communiquer, évoluer. Même si tout n’est pas parfait dès le début, une bonne relation peut se construire, à condition qu’il y ait un alignement de valeurs, de méthode, et d’objectifs.
En résumé
Si le Portugal reste une destination textile réputée, il n’est pas forcément le meilleur choix pour toutes les marques, et encore moins pour celles qui débutent. Entre manque de flexibilité, coûts élevés et fabricants peu disponibles pour les faibles quantités, il est essentiel de ne pas se précipiter. Produire sa collection, ce n’est pas seulement une question de localisation. C’est avant tout une question d’adéquation entre tes besoins, tes moyens, tes valeurs… et le partenaire avec lequel tu choisis d’avancer.
Mon conseil ? Prends le temps d’explorer d’autres options, pose les bonnes questions, teste en faible quantité et cherche à construire une relation sur le long terme. L’usine parfaite n’existe pas, mais une collaboration sans stress, claire et alignée oui. Et si tu souhaites aller plus loin et préparer au mieux ta production, je t’invite à lire cet article complémentaire : « Usine textile : 5 conseils pour une production réussie » Tu y découvriras les étapes clés à anticiper pour lancer ta production sereinement, même sans être une experte du secteur.
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